Dossier : 10 ans d’évolution du littoral de la baie d’Authie à la frontière belge

Géodunes vous propose un dossier passant en revue l’évolution décennale du littoral d’une partie de la côte d’Opale, de la baie d’Authie jusqu’à la frontière belge. De façon interactive, vous allez pouvoir mesurer l’ampleur et la rapidité de l’évolution du littoral des Hauts de France.

En marge du phénomène « 10 years challenge » qui a envahi les réseaux sociaux ces dernières semaines, Géodunes vous propose un dossier passant en revue l’évolution décennale du littoral d’une partie de la côte d’Opale, de la baie d’Authie jusqu’à la frontière belge.

De façon interactive, vous allez pouvoir mesurer l’ampleur et la rapidité de l’évolution du littoral des Hauts de France.

A partir des orthophotographies historiques disponibles sur le site remonterletemps.ign.fr, des photographies satellites récentes de Google Earth et des orthophotographies réalisées par Géodunes sur certains secteurs au cours de l’année 2018, vous allez pouvoir apprécier les évolutions marquantes de la zone côtière, qu’elles soient naturelles ou anthropiques.

10 ans d’évolution du littoral de la baie d’Authie à la frontière belge - Localisations des sites d'étude
Localisations des sites d’étude

Géodunes a sélectionné 16 sites le long de la côte d’Opale. En fonction, de la disponibilité des photos, vous pourrez apprécier l’évolution depuis 2009 ou 2012 jusqu’à 2017 ou 2018. Certaines orthophotographies sont des composites de 2 années notamment celles réalisées par Géodunes qui sont combinées à celles de 2015 en raison d’un recouvrement moins important.

Sur plusieurs comparaisons, des pointillés rouges sont visibles représentant systématiquement la position en 2009 du trait de côte ou d’un ouvrage .

Bray-Dunes (59), la dune du Perroquet

Bien que des érosions hivernales aient pu être observées depuis 2009, la résultante est positive. On note une avancée nette du trait de côte de plusieurs mètres, notamment à proximité du camping du Perroquet.

La morphologie de dunes embryonnaires est caractéristique des secteurs en « bonne santé ». La déflation éolienne et une morphologie sous-marine favorable à la dissipation de la houle permet une bonne construction de la dune. Notez que la dune du Perroquet a fait l’objet d’une importante gestion dunaire par le passé avec notamment l’installation de ganivelles ou de plantation d’oyat.

Pour aller plus loin –> Thèse d’Aurélie Maspataud (2011)

BILAN POSITIF

Zuydcoote (59), la dune Dewulf

À quelques kilomètres au sud de Bray-Dunes, la dune Dewulf montre en revanche une morphologie de falaise dunaire depuis plusieurs années et un net recul depuis 2009.

Les blockhaus présents sur le littoral marquent particulièrement bien le recul de la dune.Toutefois, et malgré les périodes érosives intenses que l’on a pu observer lors des tempêtes Egon, Xaver, Eléanore, le recul au bout de 10 ans n’est pas si spectaculaire en raison d’une accumulation de sable au cours des périodes estivales qui agissent comme stock tampon.

La photographie aérienne de 2018 permet également d’apprécier les travaux engagés dans le cadre du projet Life, visant à la protection et à la restauration de la biodiversité et des processus naturels des dunes côtières et des plages de sable.

Plus d’infos –>  Site du projet

Pour aller plus loin — > Les travaux de thèse d’Alexa Latapy (En cours, 2018)

BILAN NÉGATIF

Malo-les-Bains (59), la digue des Alliés

La plage de la digue des Alliés à Malo les Bains a fait l’objet d’un rechargement massif de 1,5 millions de mètres cubes en mars 2014 rehaussant le niveau de plage de plus de 4m par endroits. Ce rechargement a pour objectif de protéger la digue des Alliés, ouvrage plus qu’important pour la région de Dunkerque puisqu’il protège le canal exutoire de potentielles invasions marines. La digue avait déjà cédé lors des tempêtes de 1949 et 1953, inondant tous les bas quartiers de Dunkerque.

La plage de la Digue des Alliés est désormais un lieu récréatif très prisé de la population locale et des touristes.

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BILAN POSITIF

Dunkerque – Port (59), l’anse du Clipon

La façade maritime de 17 km de Dunkerque Port fait l’objet d’une très bonne gestion de sa protection vis-à-vis de l’érosion côtière et de la submersion marine, notamment en effectuant d’importants rechargements de plage.

La création du terminal méthanier marque d’importants changements au niveau de l’Avant-Port Ouest au cours des dernières années.  Les rechargements massifs de plage effectués devant la digue du Ruytingen ont provoqué la formation de flèches sableuses nettement visibles sur le cliché de 2018. La dérive littorale orientée vers l’Est disperse le sable le long de la digue du Braek, la mettant ainsi également en protection.

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BILAN POSITIF

Les dunes de Petit-fort-Philippe (59)

Le secteur de Petit-Fort-Philippe fait l’objet d’une dynamique très positive notamment au niveau de l’anse concave située à l’est. L’importante plateforme sableuse permet une déflation éolienne importante qui alimente les dunes du secteur et qui progradent nettement depuis 2009. La position du trait de côte s’est considérablement avancée avec le développement de nombreuses dunes.

Géodunes a d’ailleurs réalisé une étude diagnostic dans ce secteur dans le cadre d’une étude de définition d’aménagements de confortement de la dune de Gravelines.

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BILAN POSITIF

Oye-Plage (62), les Escardines

Le site des Escardines montre une tendance au recul depuis 2009 pouvant mettre en péril à très long terme le lotissement du même nom situé juste en arrière. En 10 ans, le front dunaire a reculé de plusieurs mètres malgré l’installation de casiers et de différentes solutions douces pour capter le sable que l’on peut observer sur le cliché de 2018.


Depuis 2016, l’Université du Littoral Côte d’Opale poursuit un projet de recherche : COSACO  « Quel littoral dans cinquante ans ? Co-construction de stratégies d’adaptation au changement climatique en Côte d’Opale ». Il vise à analyser les relations des habitants à leurs milieux sous l’angle de la vulnérabilité et des modalités d’actions, voire d’adaptation, face aux risques littoraux dans un contexte de changements climatiques. Ce projet se veut participatif, avec l’implication, à chaque étape, de la population et des acteurs locaux.
Le secteur des Escardines fait partie d’un des sites ateliers.

Plus d’infos et observer la position du trait de côte en 2065. Les résultats montrent que le lotissement ne serait pas encore impacté dans 50 ans ! –> Cosaco.univ-littoral.fr/quatrieme-publication/

BILAN NÉGATIF

Le Port de Calais (62)

L’un des grands projets littoraux de la région Hauts de France est celui de Calais Port 2015 avec une extension importante du port de Calais. Les travaux ont débuté il y a 2 ans à peine avec la création d’une grande surface gagnée sur la mer et la construction d’une immense digue perpendiculaire.

Les études de suivi et d’impact sont en cours et les résultats ne sont pas encore publiques.

BILAN INCONNU

Sangatte (62)

La plage située devant Sangatte ne montre pas d’évolution particulière depuis 10 ans en raison de la présence d’une digue fixant la position du trait de côte. Le secteur de Sangatte est sensible en raison de la faible largeur du cordon dunaire et d’un arrière-pays sous le niveau de la mer. La reconstruction de la digue il y 2 ans visible sur le cliché de 2018 a permis de mettre en protection le secteur de Sangatte vis-à-vis des submersions marines.

Retrouvez les cartes PPRL –> http://www.pas-de-calais.gouv.fr/Politiques-publiques/Prevention-des-risques-majeurs/Plan-de-prevention-des-risques/PPRN-applicables/PPRL-du-secteur-du-Calaisis

BILAN POSITIF

Wissant (62), la Dune d’Amont

Longtemps en progradation, la dune d’Amont située au nord de Wissant fait l’objet d’une nette érosion et d’un recul de plusieurs mètres depuis 2009. Initialement caractérisée par des dunes embryonnaires, le front dunaire est maintenant défini par une falaise plurimétrique qui s’étend pratiquement jusqu’aux abords de la falaise crayeuse. Il semblerait donc que l’érosion amorcée à l’ouest de la baie il y a plus de 20 ans se déplace lentement vers l’est.

Plus d’infos sur le site des Amis des Wissant –> https://amisdewissant.com/

BILAN NÉGATIF

Wissant (62), la Dune d’Aval

Le secteur de la Dune d’Aval constitue l’un des points noirs de la côte d’Opale. Zone en érosion chronique depuis plus de 40 ans avec un recul qui a atteint sur certains profils -250 m. L’érosion importante met en péril les habitations situées derrière la dune d’Aval.

Depuis 2009, de nombreux événements ont marqué l’évolution de ce secteur, notamment le démantèlement du mur antichar en Avril 2013, la pose de pieux hydrauliques pour limiter l’action des vagues, la reconstruction du perré en 2014-2015 des opérations de rechargements de sable comme en Juillet 2016 (+50 000 m3. Les études se succèdent, les actions également, mais l’érosion a continué de grignoter la dune. Seuls les rechargements ont retardé le recul de la dune.

L’étude de faisabilité réalisée en 2014 associée aux différentes études de diagnostic hydro-sédimentaire ont débouché récemment sur une déclaration d’intention pour le réensablement massif de la partie centrale de la Baie de Wissant, à savoir un volume d’environ 600 000 m3. Affaire à suivre sur Géodunes.fr.

Le site fait également partie de l’étude COSACO

BILAN NÉGATIF

Tardinghen (62), la Dune du Châtelet

La dune du Châtelet subit également une érosion massive. L’évolution entre 2009 et 2018 est particulièrement frappante.

Le recul est massif avec la disparition de quelques habitations. On distingue également sur le cliché de 2018 des ballots de paille érigés en guise de protection douce du pied de dune.

BILAN NÉGATIF

Le Touquet (62), rive sud de la Canche

La rive sud de l’estuaire de la Canche, située au nord du Touquet connait une progradation (avancée) significative du trait de côte.

On distingue parfaitement sur les 2 clichés, la succession des cordons dunaires qui avance vers le Nord et qui se poursuit sous la forme d’une flèche sableuse très développée en 2018. La plupart des exutoires ou des estuaires de la Côte d’Opale observe la même évolution, profitant de l’apport sableux provenant du Sud et par le fait que le lit du fleuve côtier est poussée vers le Nord.

Par conséquent, les rives Nord de ces exutoires sont la plupart du temps en érosion chronique, c’est le cas à Ste Cécile, rive Nord de la Canche et en baie d’Authie.

BILAN POSITIF

Merlimont (62), les dunes nord

Le secteur de Merlimont a fait l’objet également de nombreuses évolutions naturelles et anthropiques. La comparaison des clichés montre la partie Nord de Merlimont où le mur antichar a cédé au cours de l’hiver 2016.  Ce secteur a ensuite fait l’objet d’une importante érosion qui a été contraint par l’apport d’enrochements et la pose de ganivelles afin de capter le sable éolien.

Les dunes situées juste au nord montrent également des signes d’érosion avec une augmentation de la largeur des brèches.

BILAN NÉGATIF

Merlimont (62), les dunes sud

Les dunes situées au sud de Merlimont ont également subi un recul du trait de côte mais qui n’est pas si important (quelques mètres en 10 ans). On peut noter cependant l’élargissement de certaines brèches dans le cordon dunaire.

Le cliché de 2009 montre également la présence de casiers de ganivelles qui ont été complètement végétalisés depuis, témoignant de l’efficacité de ces mesures.

Sur l’extrême Nord, on aperçoit que des enrochements ont été disposés devant le club de voile afin de contrer le recul du trait de côte.

Merlimont fait l’objet depuis 1 an et demi d’une étude de requalification du perré avec réensablement de la plage. Les études sont toujours en cours et les résultats de l’avant-projet seront bientôt diffusés au grand public.

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BILAN NÉGATIF

Groffliers (62), rive nord de l’estuaire de l’Authie

La rive nord de la Baie d’Authie est un également un des secteurs les plus sensibles de la côte d’Opale en matière d’érosion et d’aléa de submersion marine. En effet, les pointillés rouges indiquent la position du trait de côte au niveau du bois de sapin, secteur « emblématique » qui recule malheureusement à vue d’œil. Cette zone constitue le seul rempart contre la submersion marine des zones basses (bas-champs Picards) et du village de Groffliers (A lire les travaux de A. Crapoulet (2011), page 271).

Au vu des enjeux, ce secteur fait l’objet d’un suivi accru de la part des services de l’état et d’associations locales tels que SOS Baie d’Authie qui effectue un travail de terrain très important.

Fin décembre 2018 et début janvier 2019, une opération de rechargement de sable (+35 000 m3 ) a été réalisée par la CA2BM pour conforter le haut de plage du bois de sapin (Photos). De nombreux aménagements (ganivelles, filets hydrauliques, big bags etc.) ont été réalisés depuis plusieurs années afin de limiter l’érosion qui poursuit malheureusement son travail.

La comparaison des clichés montre également une érosion importante au niveau de la flèche sableuse du bec du Perroquet, on note d’ailleurs la présence d’une brèche dans le cordon dunaire survenue au cours de l’année 2018.

BILAN NÉGATIF

Conclusion

Cet inventaire non exhaustif de l’évolution du littoral de la Côte d’Opale depuis presque 10 ans témoigne de la rapidité d’évolution de ces environnements, qu’elle soit positive ou négative. Plusieurs secteurs sont relativement critiques et méritent une attention particulière qui sont dans la plupart des cas pris en main par les services de l’Etat. A l’instar de l’ensemble du linéaire côtier mondial, l’érosion semble prédominer, sur les 16 sites présentés, seuls 7 sites présentent une évolution positive qui est naturelle que pour seulement 4 sites (Dunes du Perroquet, Petit-Fort-Philippe, Abri-côtier et Touquet Nord).

Cet inventaire prends en compte que les côtes sableuses or une proportion non négligeable de côtes rocheuses est présente sur le littoral de la Côte d’Opale. Ces zones présentent également des signes d’érosion comme au nord de Wimereux (62) dont la plage et le perré subissent fréquemment les assauts de la mer.

Dans un contexte de bouleversement climatique et de remontée du niveau marin, le suivi de l’évolution de ces environnements reste primordial afin de permettre aux services de l’Etat de mieux définir les ouvrages de protection contre l’érosion et les submersions marines. Malgré l’image non pérenne des rechargements de sable, cette méthode constitue une des meilleures alternatives pour protéger le littoral, bien qu’elle nécessite un entretien important et des mesures d’accompagnement. Ces méthodes sont appliquées depuis des décennies aux Etats-Unis ou dans les pays nordiques tels que les Pays-Bas et ont fait largement leur preuve.

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