Tempête Egon : Erosion massive sur l’Est-Dunkerquois

Dans la nuit du 12 au 13 janvier, la tempête Egon balaye le Nord de la France engendrant de nombreux dégâts autant matériels que naturels.

La dépression associée à cette tempête (1005 hPa jeudi 12/01 à 12 h au large de la Bretagne) a traversé le nord du pays en se creusant très rapidement : la pression en son centre n’était que de 990 hPa au-dessus du Cotentin jeudi à 17 h et 982 hPa en Picardie à 21 h. Cette dépression s’est ensuite progressivement déplacée vers la Belgique, puis le nord de l’Allemagne, avec toujours une pression particulièrement faible.

Météo France

Cette tempête a malheureusement coïncidé avec des coefficients de marée moyens à élevés, compris entre 92 et 102 le 14 janvier.

La tempête a été responsable d’une surcote marine qui a atteint un maximum de 2m à marée basse au niveau du marégraphe du Havre (Source :SHOM). Sur le littoral de la côte d’Opale, la surcote à marée haute a été de l’ordre de 50 cm à 1m dans la nuit du 13 au 14 janvier. Le vent a continué de souffler jusqu’au 15 janvier avec des vitesses moyennes de 30 km/h ce qui a été suffisant pour générer une mer du vent très agitée. Les coefficients étant montants et le stock de sable ayant été bien attaqué lors du passage de la tempête, le littoral Est-Dunkerquois a subi une érosion massive et spectaculaire pendant plusieurs jours.

Cette vidéo illustre l’agitation de la mer à marée descendante le 14 janvier 2016 soit 2 jours après le passage du creux de la dépression. La mer est encore très agitée avec des rafales à 50 km/h provenant du secteur NNO.

État des lieux du littoral Est-Dunkerquois suite à la tempête Egon

Bray-Dunes

Le secteur de Bray-Dunes est le seul secteur qui n’a pas été durement touché par la tempête. Ce portion du littoral connaît un engraissement chronique depuis des années et est caractérisé par une avant-plage de faible pente favorisant la dissipation de l’énergie de la houle. Le niveau de la plage est également plus haut que sur le reste de l’Est-Dunkerquois.

Au cours de cet événement, le niveau d’eau a atteint les dunes en développement situées devant le cordon dunaire principale. On note quelques falaises d’érosion de l’ordre de 30 à 40 cm voire 1 m maximum. La position des oyats lessivés par la mer indique que le trait de côte a reculé de 2 à 3m. La dernière fois que le secteur de Bray-Dunes avait subi une érosion significative, c’était au cours de la tempête Xaver en 2013.

Devant le perré de Bray-Dunes, le niveau de sable n’a pas été touché à l’Est alors qu’à l’Ouest, l’eau a atteint l’ouvrage provoquant un abaissement significatif du niveau de la plage.

Zuydcoote

Le secteur de Zuydcoote défini par les dunes Marchand et Dewulf a été plus durement touché. En effet, le cordon dunaire a été touché de plein fouet en raison d’une avant-plage moins dissipative. Le front dunaire est caractérisé par une importante falaise dunaire pouvant atteindre plusieurs mètres sur certaines secteurs. Le niveau de la plage devant le front de mer de Zuydcoote s’est abaissé d’au moins 1,5 m rendant périlleux l’accès à la plage.

Bruno Pruvost, Zuydcootois sensible à son territoire et historien était présent le samedi 14 janvier et a filmé en live la dune attaquée par la mer. Notez qu’il n’y a pas besoin de vagues importantes, il suffit que l’eau atteigne la dune et le travail de sape est malheureusement suffisamment efficace pour éroder des pans entiers de dune. L’érosion de la dune a également fait apparaître un ancien perré caché sous la dune qui, de mémoire d’habitant, n’a jamais été découverte depuis des décennies. Ce perré accueillait des cabines de plage au début du siècle. Cette découverte indique que la dune a subi une avancée considérable par le passé et que l’on soit actuellement plutôt dans une période de recul.

Leffrinckoucke

Le cordon dunaire du secteur de Leffrinckoucke est le plus touché et le plus impressionnant. La dune Dewulf située à l’Ouest de l’hôpital maritime a extrêmement souffert de la tempête. De nombreuses falaises d’érosion de plusieurs mètres sont présentes. Le chemin de randonnée n’est quasiment plus accessible. Le niveau de la plage s’est abaissée d’au moins un mètre. Des mesures seront réalisées très prochainement pour quantifier précisément l’impact de cette tempête.

Il faut garder à l’esprit toutefois que bien que les falaises dunaires soient impressionnantes, le pied de dune se reconstruit partiellement au cours de la période estivale et nous observons souvent une falaise d’érosion dans le stock tampon de pied de dune. Les mesures viendront préciser les observations, toutefois il est indéniable que les massifs dunaires ont été durement attaqués et que le stock sédimentaire a été fragilisé.

Le blockhaus situé sur le cordon dunaire a fini de s’effondrer et a totalement basculé. Déjà fragilisé depuis des années, il avait commencé à basculer au cours de la tempête Xaver et continuait de s’affaisser après chaque coup de vent. Ces bunkers sont des marqueurs forts de l’érosion côtière.

Malo les Bains

La plage de Malo les Bains n’a pas été épargnée par la tempête puisque les hauts niveaux d’eau ont permis à la mer d’atteindre le perré de Malo Terminus engendrant un abaissement du niveau de la plage d’au moins 1 m laissant apparaître les palplanches de l’ouvrage.

Devant le perré de Malo les Bains, le stock de sable construit par les services de la ville pour accueillir les terrasses estivales protègent parfaitement la promenade des submersions marines. On note des microfalaises d’érosion témoignant l’efficacité d’avoir un stock de haut de plage suffisamment important pour amortir l’énergie des tempêtes.

Au niveau du secteur de la digue des Alliés, le rechargement a joué son rôle tampon et a parfaitement amorti la tempête non sans perdre du sédiment mais qui, selon les études réalisées par l’ULCO et Géodunes, se déplace vers l’Est et aliment la plage de Malo les Bains

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