Dossier: Ré-ensablement et confortement de la digue des Alliés, Dunkerque.

La Digue des Alliés, qu’est-ce que c’est ?

Construite en 1876 à des fins militaires, la digue des Alliés est un ouvrage de protection de catégorie B suivant le classement des digues défini par le décret du 11 décembre 2007. Les ouvrages de catégorie B ont une hauteur supérieure à 1m et la population protégée est inférieure à 50 000 habitants.

Photo avant le rechargement – Rdv dans 3 mois à la fin des travaux
Photo avant le rechargement – Rdv dans 3 mois à la fin des travaux

Digue des Alliés : Quel est son rôle ?

La plaine maritime flamande (Qu’on appelle également le Bootland) est une partie du territoire du Nord Pas-de-Calais de très faible altitude dont certaines zones sont mêmes en dessous du niveau de la mer comme c’est le cas aux Möeres qui se situent a -4 m. Une partie de cette plaine maritime a été gagnée sur la mer au 12ème siècle par une méthode de drainage des eaux à travers un réseau de canaux. Le réseau actuel des Wateringues est un héritage de cette période de poldérisation. Ce réseau assure le drainage des eaux continentales et leur expulsion vers la mer à différentes stations de pompages. La station de pompage de l’Ecluse Tixier, située en arrière de la digue des Alliés, a pour fonction de bloquer les eaux marines lors de la marée montante, et ainsi empêcher que le niveau dans le réseau n’augmente ; et d’expulser les eaux continentales vers la mer au cours de la marée descendante.

La digue des Alliés a donc pour objectif de faire barrage au front de mer et de protéger l’arrière-pays dunkerquois des submersions marines et notamment empêcher la mer de rentrer dans le réseau des Wateringues par le canal exutoire.

Pourquoi protéger la digue des Alliés ?

Cet ouvrage est très important dans les thématiques de submersion marine et doit être, par conséquent, en mesure d’assurer son rôle (Voir dossier Aléa de submersion marine)

Un peu d’histoire locale, en 1949 et 1953, deux tempêtes frappent le nord de l’Europe entraînant d’importants dégâts notamment sur la digue des Alliés :

  • une brèche de 190 mètres de long créée dans sa partie centrale, lors de la tempête du 1er mars 1949 ;
  • deux brèches de part et d’autre de la partie reconstruite en 1949 (brèche ouest de 120 m de long et brèche est de 200 m), lors de la tempête du 31 janvier et 1er février 1953.

Suite à la rupture de la digue, la mer s’est déversée dans le canal exutoire et une onde de submersion s’est propagée à travers le réseau, inondant de nombreux quartier de Dunkerque :

  • Le pont de Rosendaël est submergé
  • Inondation de la cité du Stade Tribut et du Quartier des corderies
  • Débordements des égouts

L’onde de submersion a pu se propager jusqu’à Bray Dunes par le canal de Furnes. Il apparaît évident que la digue des Alliés constituent un ouvrage essentiel dans la protection de notre région contre les submersions marines.

Quels sont les risques de submersion ?

La submersion marine peut se produire par 3 processus différents :

  • Le débordement : le niveau de la mer atteint et dépasse l’altitude maximale de l’ouvrage
  • Le franchissement par paquets de mer : le niveau de la mer est en dessous de l’altitude maximale de l’ouvrage mais les vagues passent au-dessus.
  • La rupture : L’ouvrage cède comme en 1949 et 1953.

Est-ce qu’un débordement est possible ?

C’est peu probable. L’altitude de l’ouvrage est de +12,5 m Cote Marine, or les études de modélisation ont calculé qu’un niveau marin extrême d’une période de retour de 1000 ans atteindrait +8,80 m CM (avec prise en compte de la surcote de déferlement). Cela signifie que tous les ans, il y a 1 risque sur 1000 pour que cet évènement se produise.

En revanche, la submersion par rupture de l’ouvrage est possible comme cela a été déjà le cas dans le passé.

Les niveaux d’eau atteint lors des tempêtes de 1949 et 1953 étaient respectivement de +7,15 m CM et +7,90 m CM. Niveaux d’eau proche d’un évènement décennal (+ 7,92 m CM). Pour rappel, lors de la tempête Xaver en décembre 2013, le niveau d’eau a atteint +7,55 m CM…

Submersion par débordement
Submersion par débordement
Submersion par franchissement de paquets de mer
Submersion par franchissement de paquets de mer
Submersion par rupture de digue
Submersion par rupture de digue

Comment protéger la digue des Alliés ?

Le risque de submersion marine est donc par rupture de la digue. Dans un premier temps, une inspection détaillée de la digue a été faite et plusieurs travaux de réparations ont et seront réalisés. Dans un 2e temps, il faut empêcher la digue de céder.

Qu’est-ce qui peut provoquer une brèche ?

L’action de la houle est sans conteste la principale source d’énergie capable de déstabiliser l’ouvrage par plusieurs phénomènes :

  • L’action répétée du déferlement sur l’ouvrage lui-même peut le fragiliser
  • L’érosion intense du pied de digue et l’infiltration de l’eau dans les fondations de l’ouvrage
  • De hauts niveaux d’eau permettant à la houle d’atteindre l’ouvrage en étant peu dissipée.

Il est donc nécessaire de diminuer l’action de la houle sur l’ouvrage.

Comment dissiper l’énergie de la houle ?

De nombreuses techniques plus ou moins souples permettent de dissiper l’énergie de la houle, quelques exemples :

Les brise-lames

Similaires à ceux au droit de la digue de Malo les Bains, ils brisent les vagues avant qu’elles n’atteignent la côte. Les vagues étant un des forçages majeurs dans les processus de transport sédimentaire, l’érosion est amoindrie entre le rivage et le brise lame. Il peut se traduire par la formation d’un tombolo, ou simplement par une plus forte accumulation de sédiment.

Les bancs subtidaux

Subtidale signifie en dessous du niveau de la mer (celui des plus basses mers). Il consiste à créer un banc sableux ou de rochers afin de faire déferler les vagues au large et de diminuer leur énergie à la côte. Il n’y a pas de pollution visuelle avec ce genre d’aménagement.

Le rechargement

Un apport massif de sédiment sur l’estran (zone entre la basse mer et la haute mer) permet de rehausser le niveau de la plage et de limiter l’action des vagues sur le haut de plage.

Quelle solution pour la digue des Alliés ?

Un rechargement massif de l’estran a été préconisé suite aux différentes études réalisées par le bureau d’étude DHI.

Les travaux de rechargement se déroulent en 2 phases :

  • Un rechargement de 300 000 m3 à l’automne 2011 dans le but de constituer une couche d’usure et de mettre en protection l’ouvrage durant l’hiver 2011-2012.
  • Un rechargement de 1 200 000 m3 visant à surélever la couche d’usure de 3m.

Avec un tel rechargement, la ligne de rivage est donc repoussée loin de la digue des Alliés. Autrement dit, la mer n’atteindra plus l’ouvrage à marée haute.

La digue des Alliés est par conséquent protégée.

Début de la 2e phase de travaux sur la plage de la digue des Alliés, Janvier 2014
Début de la 2e phase de travaux sur la plage de la digue des Alliés, Janvier 2014
Schéma illustrant le rôle du rechargement sur la digue des Alliés. La ligne de rivage est repoussée et les houles n’atteignent plus l’ouvrage.
Schéma illustrant le rôle du rechargement sur la digue des Alliés. La ligne de rivage est repoussée et les houles n’atteignent plus l’ouvrage.

D’où vient le sédiment ?

Le sédiment sera dragué à proximité de l’entrée de l’Avant-port Est de Dunkerque. De nombreuses analyses de compatibilité des sédiments d’emprunts ont été réalisées en amont afin de choisir le sédiment le plus approprié.

Quelles sont les résultats suite au 1er rechargement de fin 2011 ?

Le premier rechargement avait enseveli les 3 épis perpendiculaires à la digue des Alliés et une grande partie des gravats au niveau de la jonction de la jetée de Malo les Bains et de la digue.

Deux ans après cette 1ère phase, un des épis a refait surface et les gravats sont réapparus. La dérive littorale naturellement dirigée vers l’Est a transporté une partie du rechargement vers la plage de Malo les Bains.

Quels seront les impacts d’un tel rechargement ?

Ce rechargement est le 1er en France de cette ampleur, son impact sur le littoral de Dunkerque sera vraisemblablement positif en terme de ré-ensablement, les suivis topographiques permettront d’évaluer l’impact du rechargement. En effet, le sable circule naturellement d’Ouest en Est sur le littoral de la côte d’Opale. Les courants et les vagues vont petit à petit transporter le sédiment vers la plage de Malo les Bains. Un suivi topographique et bathymétrique sera réalisé suite aux travaux de la 2e phase ainsi qu’une analyse de l’évolution du rechargement.

Faudra-t-il réitérer le rechargement ?

En raison du transport naturel du sable vers l’Est, des rechargements d’entretien seront nécessaires. D’après les études, environ 300 000 m3 seront rechargés tous les cinq ans afin de maintenir un niveau de sable conséquent au droit de l’ouvrage.

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