Etude: Suivi de la position du trait de côte, quelles méthodes?

La définition stricto sensu définie le trait de côte comme étant la frontière entre le domaine maritime et le domaine continental. Il correspond donc au niveau atteint par les plus hautes eaux autrement dit le niveau PHMA (Plus Hautes Mers Astronomiques). Si la définition est plutôt simple, repérer le trait de côte physiquement sur le terrain est un exercice qui n’est pas si aisée que cela. Il faut se poser les bonnes questions et bien définir ce que l’ on veut étudier et à quelle échelle de temps

Dans le cadre de la mission d’assistance que Géodunes réalise pour le Laboratoire d’Océanologie et de Géosciences, un suivi morphologique de l’ensemble du front de mer du Grand Port Maritime de Dunkerque est entrepris deux fois par an. Ce suivi consiste à réaliser 43 profils topographiques répartis entre la jetée du Phare de St Pol et l’extrémité Ouest du Clipon, au pied du nouveau terminal méthanier. Des modèles numériques de terrain ultra précis sont également levés au niveau de la zone dite des Sternes et en face de la station d’atterrage de la Statoil. Afin d’avoir une vision complète de l’évolution morphologique de la frange côtière, un suivi de la position du trait de côte est levé à l’aide d’un GPS différentiel.

Qu’est-ce que le trait de côte ?

Le trait de côte est défini comme étant la frontière entre le domaine maritime et le domaine continental. Il correspond donc au niveau atteint par les plus hautes eaux autrement dit le niveau PHMA (Plus Hautes Mers Astronomiques)

Si la définition est plutôt simple, repérer le trait de côte physiquement sur le terrain est un exercice qui n’est pas si aisé que cela. Il faut se poser les bonnes questions et bien définir ce que l’ on veut étudier et à quelle échelle de temps.

Quels sont les indicateurs sur le terrain ?

La limite de végétation pérenne, les Oyats 

Cette limite constitue l’indicateur le plus fréquemment employé. En effet, les oyats sont des plantes qui ne supportent pas les submersions marines. La limite d’expansion de l’oyat est donc un très bon indicateur de la position du trait de côte pour un suivi sur du très long terme.

La laisse de haute mer la plus haute et la plus visible

L’accumulation de débris organiques lors de chaque marée est un bon indicateur du niveau d’eau. La laisse de mer la plus haute donne la limite atteinte par les plus hautes mers. Cependant, cette limite est très variable dans le temps à court terme et elle est parfois impossible à repérer.

La morphologie de pied de dune

Il est parfois difficile de repérer la limite de végétation ou la laisse de mer, la rupture de pente entre la dune et le haut de plage est également un bon indicateur mais laisse place à une plus grande interprétation de l’opérateur.

La falaise dunaire

La falaise dunaire signale la position du trait de côte. En revanche, si des oyats se trouvent en avant de la falaise, il faut prendre la limite de végétation car cela signifie que la portion de plage entre l’oyat et la falaise n’a pas été submergée depuis un certains moment.

Les aménagements anthropiques

Digues, perrés, enrochements, signalent la position du trait de côte qui doit être fixe dans le temps.

Que choisir et à quelle fréquence doit-on lever la position
du trait de côte ?

La limite de végétation est l’indicateur à privilégier, car c’est aussi cette limite que l’on peut repérer sur des photographies aériennes. Elle correspond à la position moyenne du trait de côte pour une période donnée. Il est conseillé de suivre la position du trait de côte au moins deux fois par an, à la sortie de l’été et à la sortie de l’hiver. Le rythme naturel d’engraissement pendant l’été et d’érosion durant l’hiver induit des variations considérables de la position du trait de côte. Il faut donc obtenir la position résultante sur une année.

Quelle que soit la méthode employée, elle doit être rigoureusement la même d’un suivi à l’autre pour que les comparaisons soient acceptables.

Le suivi du trait de côte sur le terrain est plutôt fastidieux et ne permet pas de couvrir d’importants linéaires, c’est pourquoi le suivi de la position se fait plus généralement par photographies aériennes et plus récemment par levé Lidar où l’on peut extraire directement la position du PHMA.

La limite de végétation est particulièrement visible sur les photographies aériennes Source: Géoportail
La limite de végétation est particulièrement visible sur les photographies aériennes Source: Géoportail

Notion d’échelle de temps

La notion d’échelle de temps dans l’étude de l’évolution de la position du trait de côte est très importante. Etudier sa position depuis 50 ans et depuis 5 ans n’amène pas aux mêmes conclusions. Le diagramme ci-contre illustre parfaitement qu’à très court terme la position peut être extrêmement variable et que sur le long terme elle peut être en fait plutôt stable.

Ainsi, ce n’est pas parce que la position du trait de côte semble stable, en accrétion ou en érosion qu’elle le sera éternellement.

Les nombreuses études ont tendance à mettre en évidence que le recul du trait de côte est principalement lié à la fréquence des tempêtes. Ce sont ces événements ponctuels qui sont responsables des plus grandes variations de la position du trait de côte et non la dynamique modale des sites. L’augmentation de la fréquence des tempêtes liée au réchauffement climatique pourrait donc accélérer le recul du trait de côte.

Évolution de la position du trait de côte à différents pas de temps
Évolution de la position du trait de côte à différents pas de temps

Dans le cadre d’une stratégie nationale de gestion du trait de côte, il est primordial de mettre au point une méthode commune afin d’identifier clairement les zones en érosion sur tout le littoral Français.

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