Novembre 2015: Coup de vent sur le littoral de la côte d’Opale, des dégâts?

Le week-end dernier (28 au 30 novembre 2015), la tempête Nils venait frapper les côtes de l’Europe du Nord. Plusieurs dépressions ont balayé les côtes de la Grande-Bretagne, des Pays-Bas. Des rafales ont été enregistrées à plus de 130km/h. Plus en marge de la dépression, le littoral de la côte d’Opale a tout de même essuyé un coup de vent intense avec des rafales enregistrées à 100 km/h sur le Dunkerquois (Infoclimat.fr).

Essentiellement de secteur Ouest, les côtes de la façade Manche ont été durement touchées comme le témoigne la submersion marine par paquet de mer au niveau de la digue de Wimereux.

Aucune submersion n’est à signaler sur le Dunkerquois, néanmoins les massifs dunaires ont quelque peu souffert lors de cette tempête. Les photos de la dune Dewulf à Leffrinckoucque prises par Martine Lienard (Ci-dessous) témoignent d’une érosion importante du pied de dune avec la présence d’une micro-falaise d’une cinquantaine de centimètre. Si cette micro-falaise est impressionnante, elle ne signifie pas forcément un recul important du cordon dunaire. Une petite explication simpliste du fonctionnement d’une plage à différentes échelles temporelles est nécessaire.

Données météo fin novembre 2015 – Dunkerque (Infoclimat.fr)
Données météo fin novembre 2015 – Dunkerque (Infoclimat.fr)

Évolution saisonnière d’une plage

Une plage n’est pas un système fixe dans le temps, c’est un environnement extrêmement dynamique qui réagit rapidement face aux changements de forçage. Quelles sont ces forçages? Et bien, c’est le vent, les vagues, les courants, la marée… On parle de forçages météo-marins. D’une manière générale, durant l’été les conditions météorologiques sont plus calmes, il fait beau, il y a moins de coups de vent. Ces conditions favorisent la sédimentation, le dépôt de sable en d’autres termes. Ou tout du moins, la plage n’est pas ou très peu érodée. La plage va donc changer de forme, du sable va s’accumuler sur le haut de plage, la morphologie de l’estran va s’accentuer. S’il y a un peu de vent, le sable va venir se déposer sur le pied de dune etc.

Lors de l’hiver, les coups de vents arrivent, les tempêtes et la mer se déchaînent Elles viennent tout d’abord lisser la morphologie de l’estran puis la mer peut venir attaquer le haut de plage et parfois le pied de dune. Des micro-falaises peuvent donc se former et on a l’impression que la dune recul à vitesse grand V.

Il est plus facile de se souvenir des événements marquants comme les tempêtes où à chaque fois le cordon littoral est attaqué mais on ne remarque pas qu’entre chaque tempête, la côte se reconstruit petit à petit. On parle de résilience.

Dans le cas précis des dunes de l’Est-Dunkerquois, le coup de vent a attaqué le sable qui s’est accumulé au cours de la période estivale. Ce stock qui se forme lors de ces périodes calmes constitue un volume tampon qui permet d’absorber les tempêtes de l’hiver. Bien sûr, les tempêtes sont trop importantes ou trop fréquentes, le trait de côte recul.

Évolution de la position du trait de côte à différents pas de temps
Évolution de la position du trait de côte à différents pas de temps
Evolution saisonnière d’un profil de plage (Géodunes)
Evolution saisonnière d’un profil de plage (Géodunes)

Rappelez vous la tempête Xaver qui avait considérablement endommagé les cordons littoraux de toute la côte d’Opale! Depuis cet événement très érosif, les massifs se reconstruisent petit à petit. Grâce à cette reconstruction, le trait de côte (ou la position du pied de dune) n’est pas forcément en recul par rapport à sa position fin 2013. Des relevés scientifiques permettront seulement d’affirmer ou non s’il y a un recul du trait de côte.

2.Evolution pluri-annuelle de la côte

C’est donc un mouvement de va et vient et en fonction de l’intensité et de la fréquence des tempêtes, la résultante est positive ou négative. Ce sont en effet les événements extrêmes qui modèlent notre littoral.

La figure ci contre montre les évolutions du trait de côte a différentes échelles temporelles. La variabilité peut être très importante à court terme (année) mais au final rester plutôt stable sur le siècle.

Pour avoir une bonne vision à court terme de l’évolution de notre littoral, il faut impérativement comparer des levés scientifiques réalisés à la même période. En général, on compare des relevés faits à la fin de l’été ou à la fin de l’hiver. Si l’on compare des données mesurées à la fin de l’été avec la fin de l’hiver, on observera la variabilité saisonnière naturelle, et le plus souvent une perte de sable. Comme ce qu’on l’on observe actuellement sur l’Est-Dunkerquois.

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